fantômes de soi.e

(soie + fantôme = écharpe)
2021



Vestiges de soi ou artéfacts de ses journées, les vêtements contiennent des récits intimes et la possibilité d’en inventer.  

Ici, ce potentiel narratif s’incarne par la textualité et la conception d’un vêtement polyvalent dont les multiples fonctions demeurent énigmatiques au premier regard. J’opte ainsi pour le carré de soie, car il comporte plusieurs usages telles que l’écharpe ou le mouchoir de poche.

Une fois numérisé, le jeans froissé révèle une vive impression de présence-absence, d’abord en exposant le vécu du vêtement, visible d’après les tâches et les imperfections, puis en communiquant la réminiscence du corps qui l’a habité. La texture de jeans imprimée sur soie amplifie cette distance avec le morceau original et crée une sensation fantomatique.

Comme la notion du fantôme semble transparaitre dans ce travail, j’entreprends un ensemble de recherches à propos de sa définition, sa fonction et ses aspects physiques, pour tisser des liens entre les habits et cette entité. Si le fantôme ne s’incarne que lorsqu’il est revêtu d’un linceul, soit son vêtement, j’admets parfois partager ce sentiment.

Le mot brodé, d’un bleu pâle similaire aux fibres du pantalon numérisé, se positionne à des endroits qui dialoguent avec les lignes du jeans et correspondent aux pliages nécessaires pour devenir foulard ou mouchoir. Selon la disposition du textile, le mot s’altère, devient impossible à lire dans son entièreté.  


À l’image de ce carré, je me plie à différentes exigences pour répondre à une variété de contextes ; à l’image du fantôme, j’apparais et je disparais au contact de soieries.