laisse faire les niaiseries, voici les dandies

(punk + dandy = manteau)
2020
Décousu, puis rapiécé, ce vêtement aux manches multiples trace des parallèles entre les figures du dandy et du punk. Sur celui-ci, des interventions sérigraphiées amalgament la posture intellectuelle du dandy à l’esthétique punk pour explorer la relation qu’entretient la contreculture avec la parure.

Le choix de support réfère au manteau d’Evander Berry Wall, dit the King of the Dudes, célèbre dandy américain. Couronné pour son excentricité, Berry Wall obtient ce titre à la suite d’une série d’affrontements vestimentaires. Quelques années plus tard, en raison des dépenses extravagantes associées à la fabrication de ses habits, il quitte l’Amérique et fuit la faillite. À mes yeux, ce désir irrationnel de flamboyance incarne une forme de nihilisme où le jeu et la fiction ébranlent la quotidienneté. Cette attitude évoque le caractère provocateur punk, mais également la volonté commune de revêtir une part de son identité.

Pourtant, derrière les aspirations perturbatrices du punk émerge un certain conformisme. Sex Pistols exemplifie ce paradoxe, puisque la genèse du groupe se compare davantage à celle d’un « boy band » que d’une révolution anarchiste. Taillée sur mesure, leur image de marque répond et nourrit la colère adolescente.

Les « patchs » du manteau juxtapose le visuel de Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, album notoire du mouvement, à Evander Berry Wall, Jean Baudrillard et Albert Camus. Puisque ces derniers réfléchissent au dandysme comme un dérivé du nihilisme, je suggère avec humour que le dandy est plus punk que le punk.